jeudi 19 avril 2012

Dernières paroles

Le croyez-vous ? Ma pochette à lettres a disparu ! Je ne sais pas où elle est, où elle se cache. Je ne sais pas pourquoi elle fuit au loin, ni même pourquoi elle est partie
Mes lettres ont disparu ! Je ne les retrouve nul part. Ni dans ma boite, que j'ai envie de brûler, ni dans la pochette. Elles ne sont pas dans mes livres, pas sur mon bureau, elles sont introuvables. 
Mes lettres ont disparu ! Même assise devant une page blanche, le stylo à la main, je ne trouve rien. Je n'ai plus de lettres, plus de mots, plus de phrases, plus de paragraphes. C'est à cause du vide. La page est trop blanche ! Je me mets à la griffonner dans les sens. Je fais des dessins, qui n'ont ni queue ni tête. Il y a des vagues, des ronds tellement marqués, que la feuille a fini par céder. Il y a un trou maintenant. 
Un trou, mais toujours pas de mots. 
Assise devant cette page noire de trait, je regarde le trou. Je le regarde une nouvelle fois et me mets à l'analyser. C'est un trou. Un trou, qui absorbe toute ma concentration. 
Peut-etre que cette feuille ne m'aimait pas ? J'avais trop de choses à lui donner, trop de ronds à griffonner ? Peut-être que mes lettres n'ont jamais été réelles ? J'ai du les rêver, comme ces 3 dernières années, où j'ai passé mon temps à rêver. Le rêve ? Oui je connais. J'en ai écris un livre, j'ai vécu mon premier amour, j'y ai écris mes premières lettres, appris ce qu'était le bonheur. Tout ça, dans un seul et unique mot, état d'esprit. "Rêve".
Mais au final, quelques soient mes craintes, mes questions qui resteront toujours sans réponse, ma feuille est toujours percée. Du coup, je commence à avoir mal. Oui, j'ai mal au coeur d'avoir perdu ma passion, de ne plus savoir quoi écrire, ni même sur quoi écrire. Je regarde bêtement ce trou, je me dis qu'il finira par se reboucher. A cette pensée, je souris. Mais mes larmes coulent, elles continuent à couler sans relâche, même quand je me mets à sourire parce qu'au fond de moi, je n'y crois pas. Pas un seul instant, je me dis que c'est la réalité.
Merde. J'ai un trou au milieu de ma feuille et j'ai perdu mes lettres. 

A vrai dire, je ne sais pas quoi écrire d'autre aujourd'hui. A vrai dire, s'il n'y avait pas ce trou devant moi, je serais incapable de parler, ou de taper ce texte. A vrai dire, il n'y a plus rien à dire.